Friday, July 18, 2008

Le paradoxe de l'immigration clandestine...



Il est paradoxal (et tragique) de constater que, durant la période de la traite négrière et de l'Esclavage, des millions d'africains ont été capturés, enchainés et
contraint de traverser terres et océans pour finir esclaves en Occident (et ailleurs), et que plus d’un siècle après l’abolition de la traite négrière, les africains traversent terres, déserts et océans - de leurs propres grès et au péril de leur vie - pour finir esclaves en Occident...

Le fond du problème de l’immigration clandestine est avant tout politique et économique ; L’immigration clandestine ne résout évidemment pas le fond du problème de l’Afrique ; au contraire, elle accentue le problème, en vidant l’Afrique de ses ressources humaines.

Certes, la situation politique, économique et sociale sur le continent est intolérable et infernal ; les « maitres de l’Afrique » et leurs « valets noirs » ont bien sur une grande part de responsabilité dans la pauvreté actuelle des africains ; mais c’est le devoir et la responsabilité des africains eux-mêmes de changer la situation politique et économique sur le continent ; ils doivent se sacrifier pour l’avenir de l’Afrique et de celui de leurs enfants; sinon, quel avenir réservent t-ils à leurs enfants… ? Devront-ils eux aussi traverser terres, déserts et océans au péril de leurs vie pour finir esclaves en Occident et ailleurs… ?

Au lieu de se contenter de faire des petits boulots en Occident, pourquoi ne mettent t-ils pas à profit leurs compétences (médecin, économiste, ingénieur, agronome, informaticien, avocat, professeurs, etc.) pour développer leurs pays… ? Qui va développer l’Afrique si tous les africains quittent le continent en quête de « l’eldorado »… ? Les Européens, les Américains, les Chinois, les Indiens, … ? Les africains n’ont-ils rien appris de l’Histoire de l’Afrique des cinq derniers siècles… ?

Au lieu de dépenser des milliers d’Euros pour financer leur « voyage » au prix de leur vie - ou pire, au prix de leur servitude volontaire - pourquoi n’investissent-ils pas cet argent localement afin de créer des entreprises, des emplois et des revenus… ?

Je suis d’avis que les africains doivent avant tout s’émanciper de « l’esclavage mental », comme chantait haut et fort Bob Marley. ( emancipate yourself from mental slavery)

Et comme disait Malcom X :

« L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur est la mentalité de l’opprimé… »

ci-joint un article sur la tragedie de l'immigration clandestine.

Immigration vers l’occident : La faim justifie les risques

Hawa DIALLO

source/lien de l'article: http://www.maliweb.net/weeklynews.php?msg=add&NID=33499

14 juillet 2008

Ils partent parce qu’ils ne veulent pas mourir de faim, parce qu’ils rechignent à voir les leurs, mourir de faim ou de maladie. Ils partent parce qu’ils ne veulent pas être fauchés par des balles "rebelles" ou "loyalistes".

« Quand train vient, Malien vient ; quand l’avion vient ; Malien vient ; quand voiture vient, Malien vient », nous jetaient à la figure nos cousins Ivoiriens.

Le Malien adore l’ailleurs, aimions-nous alléguer. Aussi, nous mettions-nous, non sans fierté, à citer tous les coins et recoins du monde où se trouvaient de braves Maliens. Et nous nous confondions en rires béats.

Mais que d’eaux ont coulé sous le pont depuis ! L’émigration ne fait plus rire personne. Pas même nos cousins Ivoiriens tous désormais candidats à l’émigration ainsi que nos autres hôtes d’Afrique.

Cerveaux et bras valides, tous sont partis ou sont candidats au départ. Pourtant, nul ne quitte volontiers chez soi pour vivre l’enfer ailleurs. Et l’enfer de l’occident pour les Africains est synonyme d’esclavage moderne, de traitements inhumains des polices occidentales ; en particulier celles des frontières, de prostitution, de proxénétisme, d’humiliations au quotidien mais aussi de morts dans les mers, dans les déserts et les montagnes…

Mais l’enfer se conçoit un peu comme les maisons à étages. L’enfer de l’Occident, c’est comme le rez-de-chaussée pour les Africains d’en bas, ceux dont les conditions de vie jurent avec ceux des nôtres qui, selon la belle et juste expression du Président Sankara, « gambadent de sommet folklorique à sommet folklorique ».

Ils partent parce qu’ils ne veulent pas mourir de faim, parce qu’ils rechignent à voir les leurs mourir de faim ou de maladie. Ils partent parce qu’ils ne veulent pas être fauchés par des balles "rebelles" ou "loyalistes". Ils partent parce qu’ils en ont marre de vivre des vies de chiens, des vies indignes même de chiens dans des pays qui n’existent que par des institutions républicaines et démocratiques, vidées de tout contenu. Ils partent aussi parce qu’ils en ont marre des faux problèmes familiaux et sociaux qui minent leurs vies et leurs sociétés.

Malheureusement, partir n’est pas toujours la solution. C’est même une fuite en avant dans le contexte actuel de l’Afrique.

L’Eldorado ou ce que les uns et les autres considèrent à tort ou à raison comme tel n’a jamais été le fruit du hasard.

En dehors du commerce triangulaire et de la colonisation, des hommes et des femmes d’Occident, à un moment donné de leur histoire, ont dû faire fonctionner leur cervelle et travailler à l’amélioration de leurs conditions d’existence. Pourquoi les Africains, en particulier les Maliens ne travaillent-ils pas à l’amélioration de leur sort, à « rendre possible leur avenir », pour parler comme Antoine de Saint-Exupéry ?
C’est vrai l’ordre néolibéral ne facilite pas toujours les choses. Mais, il n’explique pas toutes les faillites sociales.

Vrai aussi que bon nombre de Gouvernants Africains demeurent des pourritures en matière de corruption et de délinquance financière. Mais que font les citoyens eux-mêmes pour les empêcher d’en arriver-là ?

La plupart du temps, les citoyens ont poussé les Gouvernants à la corruption et à la délinquance financière, soit par leur attitude de laudateurs et de zélateurs impénitents, en vérité plus soucieux de se remplir leurs poches et de garnir leurs comptes bancaires, que de l’intérêt des souverains du jour, encore moins que celui de la Nation ; soit par leur couardise, passivité, mutisme, ou démobilisation.
Les crimes financiers ne sont pas toujours imputables aux seuls Gouvernants.

La paresse intellectuelle par laquelle brillent beaucoup de cadres maliens n’est pas le fait du Président ATT ou du Premier Ministre Modibo Sidibé.

Ceux qui prétendent parler au nom des Africains d’en bas, eux, dans bien de cas, se révèlent bien pires que les Gouvernants eux-mêmes.

Les milliards qui sont, bon an mal an, investis dans l’organisation de fora sociaux, populaires, communaux ou citoyens en Afrique ou ailleurs auraient pu, par exemple, servi à créer des industries en Afrique et à trouver ainsi des emplois pour des milliers de jeunes, qui sont déterminés à joindre ou à rejoindre l’Occident, au risque de l’ultime sacrifice.

Les maux de l’Afrique sont connus. Les solutions aussi. Des milliers d’intellectuels africains et étrangers en ont parlé et en parlent toujours. Les organisateurs de forums pour les pauvres le savent mieux que quiconque. Ils savent que les Etats africains ont fait faillite depuis fort longtemps. Après l’assassinat du Président Sankara, les Africains d’en bas ont fondé leur espoir en des Présidents comme Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, Abdoulaye Wade du Sénégal, son Excellence Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire…Mais chacun a vite déchanté.

Faut-il en vouloir aux Alpha, ATT, Gbagbo, Wade, à d’autres Présidents anciens ou présents ? Des hommes tout simplement avec leurs faiblesses. Ils n’ont pas forcément envie de mourir comme Sankara, Lumumba…etc. C’est humain !
Pour autant, faut-il laisser les Occidentaux piétiner les pauvres d’Afrique ou laisser les pauvres Africains se suicider collectivement sur les chemins de l’exil ?

Les initiatives des Gouvernants comme la « 4ème Session extraordinaire du Comité Inter-Parlementaire de l’UEMOA » ainsi que « la Campagne nationale d’information et de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière » sont à saluer. Mais, ces initiatives ne sauraient suffire. Les candidats à l’immigration irrégulière sont mieux renseignés que quiconque. La preuve, ceux qui sont refoulés, s’organisent toujours pour retourner. Seulement, ventre creux n’a point d’oreille, dit-on.

Il faut ériger la migration irrégulière en infraction passible de peines. Libre à chacun de partir dès lors qu’il en remplit les conditions sine qua non.

Mais, partir au risque de perdre sa vie, de gâcher le devenir ou l’avenir des siens et au risque de salir la réputation du pays doit être puni, et sévèrement.

Aussi, l’Etat malien doit satisfaire les droits économiques de ses fils. Mais les droits économiques sont comme tous des droits. Nul Etat, pas même l’Etat malien, ne les offre sur un plateau d’argent.

En définitive, la balle n’est ni dans le camp du Président Sarkhozy ni dans le camp des médias ou des passeurs occidentaux ou méditerranéens. De même, il ne saurait être du camp du Président Touré et de ses Ministres. Mais bien dans le camp du peuple qui doit sortir de sa torpeur, pour obliger ses élus à s’impliquer réellement pour sa cause, en vue de faire de ce pays, mieux qu’un Eldorado.

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